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Jeux et sports

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Jeux et sports

« La Bretagne est un vivier de jeux, car nous avons gardé cette culture de la convivialité à laquelle participe le fait de jouer ensemble, entre générations. »

Peggy Liaigre

directrice de la FALSAB

MISSIONS

Entre Armor et Argoat, le jour de Mardi-Gras à Guerlesquin, sur la place de l’église, les hommes de la commune se retrouvent pour disputer le Championnat du monde de Bouloù Pok. Ce tournoi lancé par le curé de la paroisse, en 1656, afin de pacifier les relations de voisinage de la gente masculine, se perpétue depuis plus de trois siècles. Deux équipes s’affrontent : les Nordistes dont la porte du logement est orientée au nord et les Sudistes, au sud. Les joueurs lancent un demi-cylindre de buis dans lequel du plomb fondu a été coulé, le plus près possible du mestre. Ambiance festive et blagues potaches à souhait !

Ce jeu, à mi-chemin entre la boule et le palet, a rejoint la grande famille des jeux traditionnels répertoriés par la confédération des jeux et sports traditionnels de Bretagne qui compte une centaine de disciplines.

« Les jeux traditionnels bretons sont répertoriés en quatre grandes familles : les jeux de force, de quilles, de boules et de palets », commente Peggy Liaigre, directrice de la FALSAB.
Boule et palet remportent un franc succès en Bretagne. « Le palet sur planche, originaire de la région rennaise, essaime un peu partout dans les clubs de Bretagne et intéresse toutes les générations. La boule bretonne qui est à la Bretagne ce que la pétanque est à Marseille, est jouée principalement dans le Morbihan et les Côtes d’Armor et sur les frontières de l’Ille-et-Vilaine et du Finistère », affirme la directrice.

Pour être reconnu comme traditionnel, le jeu doit montrer patte blanche : « Sa pratique doit être ancienne, au moins une cinquantaine d’années. » Autre principe : « Nous n’inventons pas de nouvelles règles, mais nous les transmettons pour les faire perdurer afin de ne pas perdre la valeur du jeu, même si parfois au quotidien et en interne, les clubs s’autorisent à les modifier », explique la directrice.
Pour autant, si les jeux sont physiquement les mêmes, les règles peuvent différer, parfois même d’une commune à une autre. À chaque territoire son jeu ! « On peut trouver trois ou quatre variantes à trois kilomètres à la ronde. Certains jeux ont su s’adapter à leur époque. Au départ par exemple, on jouait au palet sur terre avec des pierres plates et aujourd’hui, avec un palet en fonte ». C’est là toute la richesse d’une pratique bien vivante, constate la directrice.

Pôle ressources des jeux et sports bretons, la FALSAB est souvent sollicitée pour identifier une pratique ludique : « C’est une personne qui possède un jeu très ancien, mais qui n’en connaît ni les règles ni le nom ou une personne qui connaît simplement le nom, car les jeux se transmettaient par l’oralité. Nous faisons alors des recherches avec nos membres ». Une façon de découvrir des variantes méconnues qui reviendront au patrimoine commun.
« Ces jeux ne nous appartiennent pas ! Pour favoriser leur diffusion, nous accompagnons nos membres par des actions de communication, dans la structuration de leurs projets, ou en organisant des animations », explique la directrice. Promouvoir la pratique de ces jeux traditionnels en toute convivialité et quel que soit son âge, en soutenant toutes les fédérations et les structures qui les pratiquent, est au cœur du projet associatif de la FALSAB.
Avec cette volonté de transmettre ces pratiques traditionnelles, aux plus jeunes, la FALSAB participe à l’animation des temps périscolaires, aux actions pédagogiques dans les écoles… « Nous avons par exemple doté de jeux bretons les réseaux Diwan Breiz et l’union sportive des écoles primaires, l’USEP. Nous proposons aussi pour le public des jeux à la location dans une dizaine de points relais ».
De plus, la FASALB édite des brochures qu’elle met en vente à un prix très modique : « Par exemple, un passionné nous a sollicité pour présenter des jouets buissonniers. Nous avons édité vingt fiches pour permettre de les fabriquer à l’aide d’un couteau. Il est important pour nous de transmettre les règles et les dimensions d’un jeu, afin d’inciter les bricoleurs à les réaliser ».

La FALSAB souhaite s’inscrire dans la pratique active des jeux traditionnels et vise désormais une reconnaissance à l’International, avec le dépôt récent, auprès du ministère de la Culture et de la Communication, d’un dossier de demande d’inscription sur le Registre des meilleures pratiques de sauvegarde de l’UNESCO.
De plus, retenue par la Région Bretagne suite à un appel à projet, la confédération sort le grand jeu et s’installe dans la maison éclusière d’Hilvern, sur les bords du Canal de Nantes à Brest, à Saint-Gonnery : « Nous ouvrons, en mai 2017, un parc d’attraction des jeux bretons, avec la volonté de faire connaître à un public le plus large possible le patrimoine culturel immatériel, le patrimoine fluvial et le patrimoine bâti ». Tout au long de l’année, une aire de jeux sous préau d’une superficie de 2500 m2 permettra aux joueur.se.s de toutes les générations de tirer leur épingle du jeu. À suivre…

Christine Barbedet – avril 2016